Ô vous qui croyez! le jeûne vous a été prescrit comme il l'a été à ceux qui vous ont précédés; puissiez-vous ainsi être craintifs et pieux!, pendant un nombre déterminé de jours. Quiconque d'entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner en nombre égal d'autres jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter qu'avec grande difficulté, il y a une compensation consistant à nourrir un pauvre (à la place de chaque jour de Ramadan). Et si quelqu'un fait plus de son propre gré, c'est pour lui; mais il est mieux pour vous de jeûner; si vous saviez! (Ces jours sont) Le mois de Ramadan au cours duquel fut commencé la descente du Coran, comme guide pour les hommes et preuves de la bonne direction et du discernement. Quiconque parmi vous est présent à ce mois le jeûnera! Et quiconque est malade ou en voyage jeûnera un nombre égal d'autres jours. Dieu n'exige de vous que la facilité, Il n'exige pas de vous la difficulté. À vous de parfaire le nombre imparti, en glorifiant Dieu de sa guidance, peut-être lui en serez-vous reconnaissants. (Cor.2,183 à 185)
L'instauration du jeûne du mois de Ramadan
Le jeûne du mois de Ramadan constitue l'un des cinq bases fondamentales (piliers) sur lesquelles l'Islam est édifié. En effet, le Prophète (salallahu alayhi wa salaam) a dit: L'Islam est fondé sur cinq piliers ou bases: témoigner qu'il n' y a de divinité digne d'adoration que Dieu et que Muhammad est son messager, accomplir la prière obligatoire (salat), faire l'aumône obligatoire (zakat), réalisé le pélerinage (hadj) de la maison sacrée (kaaba) pour qui en a les moyens, jeûner le mois de Ramadan. (rapporté par Bukharî et Muslim).
L'obligation de jeûner a été instaurée pour les musulmans, dans la seconde année de l'Hégire (calendrier islamique) donc en 624 de l'ère chrétienne, par la révélation de ce verset du Coran: Ô vous qui croyez! le jeûne vous a été prescrit comme il l'a été à ceux qui vous ont précédés : puissiez-vous être craintifs et pieux! (Cor.2,183).
La pratique du jeûne dans les autres religions
Ce verset du Coran: Ô vous qui croyez ! le jeûne vous a été prescrit comme il l'a été à ceux qui vous ont précédés : puissiez-vous être craintifs et pieux! (Cor.2,183) place d'emblée le jeûne du mois de Ramadan dans la continuité des révélations et des enseignements prophétiques, ce qui confirme l'importance du jeûne (et du secret qu'il contient) pour ceux qui souhaitent se voir rapprochés de leur Seigneur.
Il est également dit (dans le Coran): Il (Allah) vous a légiféré en matière de religion, ce qu'il avait enjoint à Noé, ce que Nous t'avons révélé, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Abraham, à Moïse et Jésus (à savoir): Établissez la religion; et n'en faites pas un sujet de divisions [...]. (Cor.42,13).
Quelques exemples de pratiques émanant de la même législation divine:
Sabéisme: jeûne de 30 jours en l'honneur de la lune, ne mangeant ni ne buvant de l'aube au coucher du soleil. C'est Abraham (Ibrahim) qui fut envoyé à ce peuple comme prophète (=hanif, "celui qui s'écarte" des religions erronées, au profit du monothéïsme. Il interdit d'adorer les astres mais prescrit un mois de jeûne).
Judaïsme: un jour par an, Yom kippour (le premier jour du calendrier juif), jeûne de 24 heures (d'un coucher de soleil à l'autre). Les plus pieux parmi les juifs jeûnent les lundis et jeudis en mémoire de Moïse (Musa), qui est monté sur le mont Sinaï un jeudi et en est redescendu 40 jours après, un lundi, muni des tables de la loi.
Avant l'Islam, les mecquois jeûnaient le 'achoura (le 10 de muharram, 1er mois du calendrier). Avant la prédiction de l'Islam le Prophète (sws) jeûnait également ce jour, il continue à Médine et ordonne d'en faire autant. Mais dès lors que le jeûne du mois de Ramadan fut prescrit il abandonna celui de 'achoura. Jeuna alors ce jour-là qui voulut et s'en abstint qui voulut (rapporté par Bukharî).
Notons que ce jeûne de 'achoura antérieur à la révélation islamique n'a donc aucun rapport avec le martyre de l'imam Hussein, petit fils du prophète tué cejour-là sur le champ de bataille, et ce contrairement aux théories shiites.
Christianisme: Jésus ('Aissa) a jeûné sans préciser ni l'époque ni la durée (jeûne de 40 jours dans le désert).
Il est dit dans l'Évangile selon Saint Mathieu: Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.(Mathieu 6:16-18).
Le carême des 1ers chrétiens fut consacré à l'abstinence et à la pénitence en souvenir de Jésus. En 439 après JC, les chrétiens de Rome jeûnaient 3 semaines et les chrétiens d'orient (d'Alexandrie) 7 semaines sauf samedi et dimanche (mais samedi sain oui), soit 36 jours en tout (1/10 d'une année); de même qu'ils payaient la dîme à titre d'impôt religieux (1/10 des biens).
Ceci nous rappelle que le Prophète (sws) a dit: Toute chose a une aûmone, l'aumône purificatrice du corps étant le jeûne , il a dit également: Quiconque jeûne tout le mois de Ramadan ainsi que six jours dans le mois suivant (chawwal), c'est comme s'il jeûnait durant l'année entière , et il est dit dans le Coran: Qui vient avec un bien, à lui dix fois autant (Cor.6,60). D'où le petit calcul suivant: année lunaire = 355 jours, mois lunaire = 29 ou 30 jours, 29 + 6 = 35 (x 10 = 355).
Le jeûne n'incombait aux chrétiens qu'à partir de 21 ans et pouvait être interrompu aprés la 9 ème heure depuis le lever du soleil (ce qui correspond à 15 h, moment où Jésus expira). Un capitulaire de Charlemagne allait jusqu'à condamner à mort les infractions à la loi du carême.
Indiens d'Amérique: au Mexique, certains chefs religieux jeûnent 160 jours et dans certaines religions anciennes le jeûne était prescrit au printemps pour diminuer les viols (très fréquents à cette pèriode). Ceci nous rappelle que le Prophète (sws) a dit: Ô jeunes gens, celui d'entre vous qui est capable d'entrer en ménage doit se marier; quant à celui qui n'en a pas les moyens, qu'il jeûne, le jeûne lui est calmant. (rapporté par Bukharî).
Hindouistes: les brahamistes jeûneraient lors de l'anniversaire des fondateurs de la religion et à l'occasion des éclipses de lune et de soleil. (à vérifier)
Bouddhisme: les lamas (moines) jeûnent.
Le mois de Ramadan en rapport au reste du calendrier
Le mois de Ramadan dispose d'un lien particulier à la révélation. En effet, la première révélation est intervenue pendant ce mois, lors de la “nuit du destin” (leylatul qadr) . Mais le Coran a été révélé en plusieurs reprises. Il s'agit donc d'une révélation primordiale, originelle (on parle de la descente de la mère du livre, incréée dans le c½ur du Prophète). Il est dit: (Ces jours sont) Le mois de Ramadan au cours duquel fut commencé la descente du Coran, comme guide pour les hommes et preuves de la bonne direction et du discernement. (Cor.2,185). La signification du verset selon ibn Arabi est “...dans le jeûne duquel le Coran a été révélé...”, c'est à dire que le Coran est descendu au moyen du jeûne propre à ce mois. Selon la tradition cette révélation s'est produite durant la nuit “de la valeur” ou “du destin”. Pendant cette nuit le Coran est descendu depuis la “Table gardée” jusqu'au plus bas des cieux.
Le mois de Ramadan est le 9 ème mois de l'année musulmane, entre les mois de châban et de chawwâl. L'année lunaire comportant 354 jours et l'année solaire 365, le ramadan commence chaque année 11 jours plus tôt par rapport à notre calendrier. Ainsi le mois de Ramadan passe par toutes les saisons, ce qui contribue à l'universalité de l'Islam, chaque nation jeûnant des périodes estivales et hivernales (Un jeune basé sur l'année solaire convient à une religion régionale et non universelle).
Il commence dès que le croissant (hilâl) de la nouvelle lune indiquant le début du mois a été vu avec certitude (deux témoins musulmans, voire un seul, vraiment fiable, suffisent*), ou dès que le mois précédent a compté 30 jours. Car les mois lunaires comportent 29 jours au minimum et 30 au maximum.
En effet, les différentes phases de la lune se forment au cours de ses révolutions autour de la terre. Il peut arriver que la révolution de la terre qui tourne elle aussi amène celle-ci dans le plein jour au moment où le premier quartier de lune est formé. On ne pourra donc pas le voir ce jour-là et le nouveau mois commence un jour plus tard, le lendemain du jour où le premier quartier de lune était théoriquement visible (appelé “jour du doute”).
Ceci est confirmé par ce hadith du Prophète (sws) qui a dit: Jeûnez à la vue de Ramadan et rompez à la vue de la nouvelle lune (de chawwâl), si les nuages vous en empêchent, comptez alors trente jours. (rapporté par Muslim).
Concernant le “jour du doute” on conclue aussi à partir de ce hadith (et d'autres), que nul n'a le droit de jeûner avant la vue du croissant lunaire du mois de Ramadan. Si elle s'avère difficile, à cause du brouillard ou des nuages, on doit considérer la durée du mois de châban comme étant de trente 30 jours, et on ne jeûne PAS le trentième de châban vu le hadith de Ammar ibn Yasir: Quiconque jeûne le jour du doute, c'est-à-dire le trentième jour de Châban, a sans aucun doute désobéï à Aboul-Qassin (le Prophète). (Rapporté par Abu Dawud et Tirmidhi).
De même, on sort du mois de Ramadan pour entrer dans le mois de chawwâl quand le croissant de la nouvelle lune à été officiellement vu, ou que le mois de Ramadan a compté 30 jours.
Le premier jour de chawwâl est appelé “jour de la rupture du jeûne” (Aïd el Fitr) . En ce jour, il est strictement interdit de jeûner.
* Le Prophète (sws) a dit: Si deux témoins musulmans attestent le vision du mois de Ramadan (du début ou de la fin), jeûnez alors et rompez. (rapporté par Ahmad). Par ailleurs, un bédouin se présenta au Prophète (sws) en déclarant avoir vu la nouvelle lune du mois de Ramadan. Le Prophète (sws) lui demanda: Témoignes-tu qu'il n'y a pas de divinité digne d'adoration si ce n'est Allah? Il répondit: Oui. Puis le Prophète (sws) lui demanda: Témoignes-tu que Muhammad est un Messager d'Allah? Il répondit: Oui. Le Prophète (sws) ordonna alors à Bilal d'annoncer aux gens l'entrée dans le mois de Ramadan afin qu'ils jeûnent dès le lendemain (rapporté par ???). Cela apparaît également dans ce hadith d'Ibn Oumar (qu'Allah l'agrée!) qui a dit: Les hommes procédaient à la recherche de la nouvelle lune du mois de Ramadan. J'informai alors le Prophète que je l'avais vue; il jeûna et ordonna aux gens de jeûner. (rapporté par Abou Daoud et Alhakim).
Autres jeûnes (surérogatoires, méritoires)
– Six jours au cours du mois de chawwal (avec jeûne du mois de Ramadan = jeûne d'une année).
– Trois jours par mois et en particulier les 13 ème, 14 ème et 15 ème jour du mois lunaire qui sont les jours de pleine lune.
– Les lundis et jeudis car: Ce sont ces jours là que les comptes des hommes sont fait. (hadith)
et le Prophète (sws) souhaitait que le compte de ses actions soit fait à un moment où il jeûnait.
– Le jour de 'achourâ (dixième jour du mois de mouharram).
– Le jour de 'Arafât (neuvème jour du mois de dhul-hijja).
Jours d'interdiction de jeûne
– Fêtes des deux aïd: 1er de chawwal et 10 de dhul-hijjah.
– Les trois jours qui suivent la grande fête de l'immolation (aïd al adha) , le 10 de dhul-hijjah.
– Les vendredis (sauf si inclus dans un rattrapage de plusieurs jours).
Par ailleurs le Prophète (sws) déconseillait les longues périodes de jeûne sans interruption: Vous avez également des devoirs envers vous-mêmes; ton Seigneur a des droits sur toi, ta famille a des droits sur toi, ta personne personne a des droits sur toi, donne à chacun ce qui lui revient. (rapporté par Bukharî). Notre personne ne nous appartient pas elle appartient à Dieu, elle nous est confiée et nous avons la responsabilité de son bien-être.
Il est interdit de jeûner de façon continue: L'homme qui jeûne tout le temps n'a pas jeûné et n'a pas rompu son jeûne. mais éventuellement un jour sur deux comme le Prophète (sws) disait que faisait le prophète David (Dawud), et à cela trois significations: 1. équité parfaite entre ce que l'âme doit et ce qu'elle reçoit, 2. un jour d'endurance et un jour pour rendre grâce (or la foi est constituée de deux moitiés, une faite d'actions de grâce et l'autre faite de patience), 3. impossibilité pour l'âme de s'endormir: dès qu'elle se familiarise avec un état elle est transportée dans un autre.
--> (insérer ici l'histoire de ce compagnon trop zèlé qui s'engagea devant le Prophète (sws) à jeûner un jour sur deux toute sa vie durant et qui le regretta lorsque très vieux et affaibli).
Étymologie du mot Ramadan
Le mois de Ramadan se distingue des autres par le fait qu'il est le seul à porter un Nom divin.
Dans le Coran (Cor.2,185), Dieu à dit: ...le mois de Ramadan... et non pas simplement Ramadan; et: ...Celui d'entre vous qui a la vision du mois qu'il jeûne... et non pas “la vision du Ramadan”. Dieu a défendu de dire seulement “Ramadan” à cause de la parole: ...rien ne lui est semblable... (Cor.42,11), car Le nommer ainsi équivaudrait à parler d'un semblable.
Le terme “mois de” est ajouté pour nier l'existence d'une similitude. Le Prophète (sws) a dit: Ne dites pas Ramadan, car Ramadan est l'un des noms d'Allâh le Trés Haut. (hadith retenu comme authentique). Il s'agit donc d'un nom d'élection, appliqué à un mois déterminé.
Tel n'est pas le cas de Rajb même si le Prophète (sws) a dit qu'il était: ...le mois sacré d'Allah... (shahr Allah al-muharram) . Rajb appartient au 4 mois sacrés mais lui est isolé alors que les 3 autres se suivent: dhûl-qa'da, dhûl-hijja,et muharram .
Le Nom Ramadan régit l'ensemble du mois du jeûne même si le jeûne ne concerne que les jours (diurnes).
Selon Ibn Arabi: Ramadan exerce son autorité au moyen d'un statut de jeûne durant le jour et d'un statut de rupture et de veille durant la nuit. Les nuit du mois de Ramadan son un temps d'adoration rituelle et un support de bénédictions spéciales, au même titre que les jours. Seul diffère le statut légal: le jeûne diurne est obligatoire la veillée est recommandée .
Ainsi, en ce qui concerne l'aspect intérieur des choses, le jeûne qui Lui appartient n'implique en réalité aucune “rupture” entre jour et nuit (ce n'est pas parce qu'il y a privation dans la journée qu'il y a bombance la nuit).
Si l'on considère la racine du mot: ramida signifie “être brûlant” (jour, soleil), ramada signifie “coup de chaleur”, irtamada “être consumé ou se consumer”. C'est pourquoi ce mois s'appelle Ramadan, car il brûle les péchés. Celui qui jeûne le mois de Ramadan, en connaissant et en respectant avec vigilance les règles du jeûne, expie son passé. (hadith retenu comme authentique).
En ce qui concerne le terme “jeûne”, deux termes de même racine sont employés dans le Coran: Siyâm se rapporte exclusivement au jeûne légal, Sawm désigne le jeûne en tant que tel mais n'apparaît qu'une seule fois dans le Coran au sujet du jeûne de silence de Marie (Cor.19,36).
Qualité divine du jeûne
Abû Umâma relate: Je m'approchai de l'envoyé d'Allah et lui dit: Donne-moi un ordre que je prendrai directement de toi! Il répondit: —Adonne-toi au jeûne, car il n'a pas de semblable . Abu Hurayra, lui, rapporte cette parole du Prophète (sws): Dieu a dit: —Tout acte du fils d'Adam lui appartient à l'exception du jeûne, (--> Siyâm ou Sawm? à vérifier!!!) car celui-ci est à Moi et c'est Moi qui en paie le prix (le rémunère). [...] (hadith qudsi). Et il est dit dans le Coran: ...Rien n'est semblable à Dieu... (Cor.42,11).
Le jeûne n'étant pas acte mais abandon (tark), la négation de toute ressemblance du jeûne avec un acte renforce sa qualité divine. Dieu ordonne le jeûne alors qu'il Lui appartient en propre, la transcendance du jeûne est un emprunt, elle n'est pour le jeûneur qu'une qualité passagère et contingente. (L'ange n'accède pas à ce degré car il n'a pas d'appétits naturels et n'a nul besoin de nourriture, le jeûne lui est impossible et il ne peut en avoir le "goût" spirituel. Bien que supérieur à l'homme individuel par le degré existentiel qu'il occupe, l'ange est inférieur à l'Homme Parfait (pleinement réalisé) qui atteint, en partie grâce au jeûne, une dimension universelle. C'est pourquoi l'homme, s'il fait partie de l'élite qui possède la perfection de la science d'Allah, peut avoir la contemplation de tout ce que contemple l'ange quelle que soit la station de ce dernier, alors que l'inverse n'est pas vrai.)
Ibn Arabi définit le jeûne comme abstinence (imsâk) à l'égard de toute chose que le droit divin a ordonné aux hommes d'écarter de leurs âmes et de leurs membres et qui procure au jeûneur une élévation (rif'a) en direction du Très Haut.
Le jeûne initiatique est négation existentielle et contemplation (mushâhada) de l'Essence divine. La contemplation opère l'extinction de l'être et ne comporte par elle-même aucune jouissance, elle est stupeur muette (ce qui la distingue de la prière où il y a un partage entre Dieu et son serviteur).
Le jeûne est protection en ce sens que par lui l'homme se libère des égarements et des passions de son âme, ainsi il se soumet à l'Ordre divin et obéit au Commandement d'Allah. Cela renvoie à la notion de "crainte révérentielle" (taqwâ) évoquée dans la parole divine: [...] Puissiez-vous être craintifs et pieux ! (Cor.2,183). Par ailleurs, Dieu a dit: [...] Le jeûne est un bouclier. Si l'un d 'entre vous jeûne un jour, qu'il s'abstienne ce jour là de propos indécents et de cris. Si quelqu'un l'insulte ou s'en prend à lui, qu'il dise: —je suis jeûneur, je jeûne. (hadith qudsi rapporté par Abu Hurayra).
Conditions de validité du jeûne du mois de Ramadan
L'intention (niya).
Le jeûne doit être motivé exclusivement pour plaire à Dieu et suivre ses commandements (Les actions valent par l'intention) . L'intention doit être formulée verbalement ou intérieurement, au début du mois du Ramadan, ou, selon d'autres savants, chaque soir (avant le fajr).
Ceci n'est pas indispensable pour les jeûnes surérogatoires (en sus du mois de Ramadan); en effet, Aïcha rapporte qu' un jour le Prophète (sws) arrive chez elle et lui demande s'il y a queque chose à manger; elle lui répond que non et il lui dit : Alors je vais jeûner . Donc pour ces jeûnes on peut émettre l'intention de jeûner le jour même si, depuis le matin, on n'a pas mangé ni fait quelque chose qui aurait pu rompre le jeûne.
Cela dit, ce n'est pas l'ascèse qui compte, et l'imam Malik dit que sans l'intention, le jeûne n'a d'autre effet que de donner faim et soif.
L'abstinence.
Le jeûne commence, par précaution, un quart d'heure environ avant l'aube (fajr) et prend fin dès le coucher du soleil (maghreb). Durant ce temps il faut s'abstenir de boire, de manger, d'avoir des pratiques sexuelles, de fumer...
Mais il y a d'autres choses qu'il faut abandonner: les passions, les rancoeurs, les pensées mauvaises ou frivoles, les actions futiles, les gesticulations de la vie quotidienne... tout cela pour se recentrer sur l'essentiel, sur l'Unique, car c'est cela que signifie surtout le jeûne. Être réservé et éviter les verbiages, car le jeûne est un état de présence à Dieu, d'intimité, et implique concentration, vigilance, silence, crainte, pudeur et comportement juste (adab): Le silence du jeûneur est louange .
Ghazali distingue trois degrés du jeûne: 1) celui des gens du commun, celui du corps, qui consiste à s'abstenir de manger, de boire, et d'avoir des rapports sexuels, 2) celui des "gens de l'élite", celui de l'âme (nafs), qui consiste à empêcher le regard, l'ouïe, la langue, la main, le pied de commettre des pêchés, 3) celui des "gens de l'élite de l'élite", le jeûne du c½ur à l'égard de tout attachement à autre que Lui.
Abd-el-Qader al-Jilani a dit: Et ne laisse pas entendre par ton apparence que tu es avec Lui alors que ton c½ur est complètement vide. Car avoir une apparence extérieure en contradiction avec son intérieur relève de la divagation. N'as-tu pas entendu l'Envoyé de Dieu (sws) dire: —Il n'a pas respecté le jeûne, celui qui n'a pas cessé de médire. L'Envoyé de Dieu (sws) a montré que jeûner, ce n'est pas seulement se priver de nourriture, de boisson et de ce qui rompt le jeûne. Jeûner, c'est aussi arrêter de pécher. D'abord, prenez garde à la médisance, car elle consomme les bonnes actions comme le feu consomme les bûches .
L'obligation de jeûner.
Le jeûne de tout le mois est obligatoire pour le musulman en capacité physique de supporter le jeûne, et ce dès l'âge de la puberté. Il est cependant nécessaire d'habituer l'enfant peu à peu à jeûner, pour qu'il en apprenne la pratique progressivement et en acquière le goût.
Ce qui annule le jeûne.
– Manger ou boire intentionnellement. Mais le Prophète (sws) nous a enseigné que: Si l'un d'entre vous a oublié qu'il jeûnait et qu'il a bu ou mangé, qu'il continue son jeûne car alors c'est Dieu qui lui a donné à manger et à boire. (c'est Dieu qui, par miséricorde, a provoqué l'oubli).
– Indisposition, accouchement, éjaculation, jouissance sexuelle volontaire (si elle est involontaire il suffit de faire les ablutions (ghousl)).
– Vomir intentionnellement (s'il est involontaire, aucune compensation n'est dûe).
– Intention claire dans le c½ur de ne pas respecter le jeûne.
– Toute journée invalidée doit être malgré tout achevée en jeûnant jusqu'à la fin du jour. Seule est interrompue la journée où survient une maladie, les règles ou un accouchement.
Mais le Prophète (sws) a dit: Celui qui a rompu une journée de jeûne du mois de Ramadan sans excuse valable, ni maladie, même s'il jeûnait ensuite toute sa vie, n'arriverait pas à retrouver tout ce qu'il a ainsi perdu .
Ce qui est permis
– Se rincer la bouche pour la nettoyer ou se rafraîchir. Aïcha rapporte que le Prophète (sws) a pris douche et bain si ça ne dépassait pas la gorge, se rinçait la bouche, l'embrassait (à 'Omar: Si tu as de l'eau dans la bouche pour te rafraîchir est-ce que ça rompt le jeûne? — non. — alors embrasser ta femme ne rompt pas le jeûne . Mais mieux vaut être vigilant, ainsi le Prophète (sws) a donné ce conseil: Quand vous faites vos ablutions reniflez abondamment sauf quand vous jeûnez. (pour ne pas prendre le risque d'annuler le jeûne).
– Le miswak est autorisé durant toute la durée du jeûne (on a le droit de se curer les dents).
– La piqûre (si ce n'est pas de la nourriture).
– Les médicament (sauf pour l'école shafi'ite). --> point important, à préciser!
– Ne pas être en état de grande ablution n'invalide pas le jeûne.
Dispenses --> selon le rite malekite mais à préciser.
– Le vieillard trop faible, et le malade incurable qui ne peut jeûner, en sont dispensés. Le jeûne pourrait perturber leur santé et l'on n'est pas sûr qu'ilspourraient le rattrapper car ils sont au terme de leur vie. Ils peuvent (mais ce n'est pas obligatoire) nourrir un pauvre pour chaque jour non jeûné (fidya).
– Le malade n'est pas tenu de jeûner. Le jeûne lui est interdit s'il a de la fièvre ou s'il doit nécessairement absorber des médicaments en cours de journée. Quand une maladie se déclare, il est licite de cesser de jeûner. La compensation (qadâ) est dûe.
– Le voyageur qui parcours une distance qui permet d'abréger les prières peut rompre son jeûne, notamment si le voyage est fatigant (mais il est malgré tout préférable qu'il jeûne). Il devra une compensation (qadâ).
– Celui qui fait un voyage de moins de 4 bârid (environ 72 km) et croit qu'il peut rompre, et rompt, doit seulement une compensation (qadâ).
– Celui qui rompt à cause d'une mauvaise interprétation des textes doit seulement une compensation (qadâ).
– Celui qui se convertit à l'Islam durant le mois de Ramadan n'a pas à rattraper les jours qu'il a manqué. Mais il est préférable qu'il jeûne dès le jour de sa conversion.
– La femme enceinte peut interrompre le jeûne s'il y a lieu de craindre pour le f½tus. Elle ne devra alors que la compensation (qadâ). Selon les école hanbalite et chafi'ite,si elle ne jeûne pas par crainte pour sa santé à elle, elle ne doit que la compensation (qadâ); mais si c'est par peur pour l'enfant elle doit en plus le rachat (fidya). Pour la mère qui doit conserver une lactation suffisante pour nourrir son enfant, et interrompt son jeune pour cette raison, le rachat (fidya) est dû après la grossesse, en plus de la compensation (qadâ).
– La femme ne jeûne pas en période d'indisposition (formellement interdit) ou de post-accouchement. La journée de jeûne est interrompue quand cela survient et sera compensée (qadâ) après le mois de Ramadan.
– Le jeûne est interrompu et compensé (qadâ) plus tard s'il fait courir un danger de mort (ex: déshydratation alarmante dans les pays très chauds).
Si l'on est averti du début du jeûne seulement au cours du premier jour, il faut s'arrêter immédiatement de s'alimenter et compenser cette journée par la suite (qadâ).
La compensation (qadâ).
Elle consiste à rattraper les jours qui n'ont pas été jeûnés, après le fin du mois de Ramadan, et avant celui de l'année suivante.
Toute faute invalidant un jeûne compensatoire ou surérogatoire n'entraîne que la compensation (qadâ).
Celui qui meurt et qui a des jours à rattraper, son garant peut jeûner pour lui.
Le rachat (fidya).
Le rachat consiste à fournir la valeur d'une journée de nourriture à un pauvre (à l'époque 1 mudd = la contenance des deux mains, de céréales), pour chaque jour non jeûné ou reporté.
Le vieillard trop faible et le malade incurable peuvent racheter (fidya). en plus de la compensation (qadâ). (recommandation et non obligation).
Celui qui arrive au mois de Ramadan suivant sans avoir compensé les jours dus au titre du précédent doit aussi le rachat, en plus de la compensation, et le faire au plus tôt.
L'expiation (kaffarâ).
Celui qui a commis une des fautes ci-dessous devra s'acquitter d'une expiation doublée d'une compensation:
– Absorption volontaire de nourriture ou boisson,
– Accomplissement délibéré de l'acte sexuel,
– Provocation volontaire de l'éjaculation,
– Interruption volontaire du jeûne sans motif valable.
L'expiation consiste au choix entre jeûner 2 mois consécutifs pour chaque journée invalidée volontairement, ou fournir de la nourriture à 60 pauvres pour chaque journée invalidée (préférable).
Concernant l'expiation pour un acte sexuel commis dans la journée, Bukharî rapporte cette histoire: Un homme vint vers le prophète (sws) et lui dit: J'ai eu une relation sexuelle avec mon épouse pendant le mois de Ramadan (pendant le jeûne). Le messager de Dieu (sws) lui demanda: Peux-tu affranchir un esclave en expiation? . Il répondit négativement. Le prophète (sws) lui demanda: Peux-tu jeûner pendant deux mois de suite? . Il répondit négativement. L'Envoyé de Dieu (sws) lui demanda: Peux-tu nourrir soixante pauvres? . Il répondit négativement. Alors, quelqu'un apporta un grand panier de dates au messager de Dieu et celui-ci dit (à l'homme): Prend ceci et nourris-en les pauvres en guise d'expiation . L'homme dit alors: Messager de Dieu, dois-je nourrir des gens plus pauvres que nous? Il n'y a pas de maison plus pauvre que la nôtre parmi toutes celles qui se trouvent entre les montagnes de Médine! Le prophète dit: Alors nourris ta famille avec .
Mais le Prophète (sws) a dit aussi: Celui qui a rompu une journée de jeûne du mois de Ramadan sans excuse valable, ni maladie, même s'il jeûnait ensuite toute sa vie, n'arriverait pas à retrouver tout ce qu'il a ainsi perdu .
Pratiques recommandées pendant le jeûne
S'alimenter juste avant le fajr
Prendre un dernier repas (le sahûr en fin de nuit, à l'approche de l'aube. Le Prophète (sws) a dit: Prenez des forces dans la nourriture du sahûr en vue du jeûne de la journée, et dans la sieste en vue de la veillée pieuse de la nuit , et Le sahûr est tout entier bénédiction. Ne le délaissez pas, prenez-en ne serait-ce qu'une gorgée d'eau, car Allah et ses anges prient sur celui qui fait ce repas. (rapporté par Ahmad).
Le Messager d'Allah (sws) s'arrêtait de manger avant le fajr d'une durée égale à la récitation de 50 versets d'une sourate moyenne (environ 1/4 d'heure).
Rompre le jeûne aussitôt que le soleil se couche .
Le Prophète (sws) a dit: Lorsque vous rompez, rompez avec des dattes car c'est une bénédiction. Si vous ne trouvez pas de dattes, alors rompez en buvant de l'eau, car c'est une purification. (rapporté par Abu Dawud) , et: On ne cesse d'être dans la bonne voie tant qu'on s'empresse de rompre le jeûne. (rapporté par Bukharî et Muslim) , et: Dieu se réjouit de son serviteur qui s'empresse de rompre le jeûne. (hadith).
Au moment de la rupture du jeûne, l'homme, ayant été ramené à sa condition de créature dans le besoin, s'empresse vers la nourriture indispensable à sa survie biologique. Ce faisant, il affirme son indigence foncière et atteste que seul son Seigneur est l'Être qui se suffit à Lui-même (du nom divin As-Samad, soit “l'Être transcendant non soumis aux conditions limitatives de l'existence” qui, dans ce cas, prend le sens de “Celui qui peut se passer de manger et de boire”). L'empressement doit être motivé par la gratitude et en pleine conscience de la provenance des biens: Mangez de ce que Dieu vous octroie en abondance de licite et d'excellent, et soyez-Lui reconnaissant de ce bienfait, si c'est Lui que vous adorez. (Cor.???).
Invoquer Dieu au moment de la rupture du jeûne.
Le prophète (sws) faisait l'invocation suivante: Au nom d'Allah! Ô mon Dieu! J'ai jeûné pour Toi et j'ai rompu avec ce que Tu m'as donné! (Bismillah! Allahoumma laka soumtou wa 'ala rizqika aftartou!). (rapporté par Abu Dawud).
Le prophète (sws) a dit: N'est pas repoussée la demande faite par le jeûneur au moment de la rupture de son jeûne. (rapporté par Ibn Majah).
Des bonnes oeuvres pendant le mois de Ramadan
Le partage, la générosité.
Le jeûne s'accompagne des notions de “communauté”, de “générosité”, et de “partage”, car en cela est le remède contre l'égocentrisme.
Le Prophète (sws) a dit: Le mois de Ramadan est le mois de la communauté , et La meilleure des aumônes est celle faite pendant le mois de Ramadan. (rapporté par Tirmidhi) , et Qui donne (pour rompre) à manger ou à boire à quelqu'un qui jeûne, d'un bien licitement acquis, les anges ne cessent de prier pour lui durant le mois de Ramadan. L'archange Gabriel prie pour lui lors de la “nuit du destin”. (rapporté par Bukharî) ,
et Les gens de ma communauté ne subiront pas de revers, tant qu'ils honoreront le mois de Ramadan. Parole qu'Abd-el-Qadir al-Jilani commentait de la façon suivante: Honorer ce mois consiste à y observer la “crainte révérencielle”, à accomplir le jeûne pour Dieu, en respectant les prescriptions de la loi religieuse. Ô novice, observe le jeûne. Et lorsque tu romps le jeûne, compatis avec les pauvres en partageant ta nourriture avec eux. Ne mange pas seul: pour celui qui mange seul et ne partage pas sa nourriture, il faut craindre la pauvreté et la misère. Ô vous qui m'écoutez, vous vous gavez de nourriture pendant que vos voisins ont faim! Et vous prétendez que vous êtes des croyants!
Les prières nocturnes (tarawih)
Le prophète (sws) a dit: En vérité Dieu vous a imposé le jeûne du mois de Ramadan et moi j'ai instauré pour vous la veillée pieuse. Celui qui jeûne le jour et veille la nuit, avec foi et espoir de récompense, est libéré de ses péchés et redevient pur comme il l'était au jour où sa mère le mit au monde. (hadith) ,
et Le jeûne et la prière du mois de Ramadan intercéderont pour l'homme le jour de la résurrection. Le jeûne dira: —Seigneur! Je l'ai empêché de manger et de satisfaire son désir (durant le jour), permet-moi donc d'intercéder en sa faveur! Et le Coran dira: —Seigneur! Je l'ai empêché de dormir la nuit (alors qu'il me récitait), permet-moi donc d'intercéder pour lui! Et ils intercéderont alors. (rapporté par Ahmad).
La prière des tarâwîh est une pratique instaurée par 'Omar sur la base du hadith rapporté par Ali: En vérité, Dieu a autour de son trône un espace de lumière appelé “l'enclos sacré”. En ce lieu se trouve une multitude d'anges que seul Dieu, Puissant et Sublime, peut dénombrer. Ces anges sont dans une permanente adoration de Dieu. Lorsque arrivent les nuits du mois de Ramadan, ils demandent à leur Seigneur la permission de descendre sur terre et ils viennent se joindre aux fils d'Adam en prière. Tout membre de la communauté de Muhammad qui les touche ou qui est touché par eux obtient un bonheur tel que le malheur ne l'atteindra plus .
Faire la prière de tarâwîh consiste à effectuer dès la première nuit, après 'Ichâ et de préférence en commun, huit, vingt ou trente-six raka'at groupées par deux, puis chafr et witr.
La lecture du Coran.
Le prophète (sws) redoublait la récitation du Coran, pendant le mois de Ramadan, et il est de tradition d'en faire une lecture complète et méditée au cours du mois de Ramadan (environ 1/30 chaque jour, pour faire en sorte de terminer au cours de la “nuit du destin” (leylatu l-qadr) ).
La retraite spirituelle (i'tikaf).
Elle consiste à séjourner à la mosquée afin de préserver sa sérénité et son état de présence à Dieu. Le Prophète (sws) faisait la retraite la dernière décade du mois de Ramadan et ne cessa de la pratiquer jusqu'à sa mort. Il a dit: La mosquée est le refuge de tout homme pieux. Dieu a promis à celui qui y fait sa retraite de lui accorder sérénité et miséricorde, de le faire traverser le Sirat (pont jeté au-dessus de l'Enfer) pour le faire parvenir à Sa grâce au Paradis. (rapporté par Tirmidhi).
La “nuit du destin” (leylatul-qadr)
Le Prophète (sws) a dit: Cherchez la nuit du destin parmi les nuits impaires de la dernière décade du mois de Ramadan. (rapporté par Bukharî). C'est à dire la nuit dont le lendemain correspond au 21, 23, 25, 27 ou 29 du mois de Ramadan, (traditionnellement la nuit du 26 au 27).
Il a dit aussi: Toutes les fautes passées sont pardonnées à celui qui passe la nuit du destin en veillée pieuse avec foi et espoir de récompense. (rapporté par Muslim) , et il a aussi recommandé de répéter cette invocation au cours de la nuit du destin: Ô mon Dieu! Tu est indulgent, Tu aimes le pardon: fais-moi grâce! (Allahoumma innaka 'afouwwoune touhibboul 'afouwa fa'fou 'anni). .
Cette nuit toute particulière est un moment sacré où la nature est comme mise en suspend par une brèche dans le temps ouvrant sur le premier jour de la création que répète la “nuit du destin”. La concentration du jeûne, qui est retour à l'état Adamique, permet qu'au bout de 27 nuits l'½il du c½ur puisse voir davantage que l'½il de chair et contemple la rencontre entre le Divin et le créé, ce qui parachève et donne sa pleine signification au jeûne du mois de Ramadan.
Nous avons fait descendre le Coran dans la nuit du destin. Et qui te fera comprendre ce qu'est la nuit du destin? La nuit du destin a plus de valeur que mille mois! (Cor.97,1-3).
L'aumône de la fin du mois de Ramadan (zakat oul-fitr)
Ibn Abbas a rapporté que: L'Envoyé de Dieu (sws) a déclaré obligatoire l'aumône de la Rupture (du jeûne); (il l'a institué) purification pour le jeûneur des propos futiles et indécents et nourriture pour les pauvres. (Pour) celui qui s'en acquitte avant la prière (de la fête de la Rupture), elle est aumône purificatrice agréée (par Allah), (mais pour) celui qui s'en acquitte après la prière 'de la fête de la Rupture), elle (n')est (qu') une simple aumône parmi d'autres. (rapporté par Abu Dawud et Ibn Majah).
Rapporté par Ibn 'Umar: Le prophète de Dieu incitait au paiement d'un saa' (= quatre mudd = quatre fois la contenance des deux mains=environ 2,5 kg) de dates ou d'un saa' d'orge pour l'aumône de la fête de rupture du jeûne pour chaque musulman libre ou esclave, homme ou femme, jeune ou vieux, et il ordonna de la payer avant que les gens n'effectuent la prière de la fête.
La zakat oul-fitr est une réparation pour le jeûne tout comme le sont les deux prosternations faites après la prière afin de la réparer en cas de petite erreur intervenue au cours de son accomplissement.
Elle devient obligatoire à partir de l'aube du jour de la fête (aïd el-fitr) , qui est le 1er du mois de chawwal, et doit être nécessairement versée avant la prière de la fête (salat el-aïd) ; toutefois elle peut être collectée et même distribuée dans les jours qui précèdent le jour de la fête, voire à tout moment du mois de Ramadan.
C'est le chef de famille qui doit verser la zakat oul-fitr pour l'ensemble des membres du foyer, y compris pour les bébés, les personnes à charge et les serviteurs éventuels.
Le montant est l'équivalent de 1 saa' (soit environ 4 mudd pour des mains de taille moyenne, soit environ 2,5 kg) de la nourriture la plus généralement en usage dans le pays ou la région, et ce pour chaque membre du foyer.
Elle est à donner à un ou plusieurs pauvres, de préférence dans la région ou réside le donneur.
La prière de la fin du mois de Ramadan (salat el-aïd)
Elle s'accomplit en commun, à la mosquée. Pour aller accomplir la prière de la fête, on fait les grandes ablutions (ghousl), on se parfume (les hommes uniquement) et se revêt de ses plus beaux vêtements.
La prière de la fête comporte deux rakaat. Dans la première rakaat, après le takbir (Allâhu akbar) de sacralisation que l'on dit pour entrer dans la prière, on ajoute 6 autres takbir. On dit donc 7 fois de suite Allâhu akbar . Ensuite, au début de la deuxième rakaat, après avoir prononcé le takbir par lequel elle commence, on ajoute 5 autres takbir. Au début de cette rakaat on dit donc 6 fois Allâhu akbar.
En ce jour de réjouissance il est interdit de jeûner (même si l'on a des jours à rattraper). Il est rapporté qu'Abu Baqr avait été choqué d'entendre des chanteuses dans la maison de sa fille Aïcha (également épouse du Prophète), mais alors qu'il la réprimandait le Prophète (sws) lui dit: Ô Abu Baqr, chaque peuple a ses jours de fête et aujourd'hui c'est notre fête. (rapporté par Bukharî).
Quelques paroles relatives au mois de Ramadan
Le prophète (sws) a dit: Celui qui jeûne le mois de Ramadan, en connaissant et en respectant avec vigilance les règles du jeûne, expie son passé. (rapporté par Bukharî).
Il a dit aussi: C'est le mois de la patience, et la récompense de la patience est le Paradis. C'est le mois du don. C'est un mois dans lequel les ressources du croyant augmentent. Un mois dont le début est miséricorde, dont le milieu est pardon et la fin affranchissement du feu de l'Enfer. (rapporté par Bayhaqi).
Il a dit aussi: Si les serviteurs savaient quelle est la valeur du mois de Ramadan, ils souhaiteraient que l'année entière fût Ramadan. (rapporté par Bayhaqi).
Abd el Qadir al Jilani a dit: Le mois de Ramadan est aussi important que le c½ur dans le corps ou un prophète parmi les hommes.
Djalal-ud-Din Rumi a dit: Le jeûne est la pierre de touche des riches et des pauvres. Ne dites point —Comment?, car c'est là un lieu sans comment. C'est un jour qui naquit hors du firmament. Réjouis-toi, car le jour de l'abondance est venu.
Le cheikh Dawud At-Taï a dit: Conduis-toi dans ce monde comme un homme qui jeûne et considère ton dernier jour comme la fête de la rupture du jeûne.
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